Witerwan Kenley Jean a remporté dans la catégorie de la langue française la troisième édition du Prix international de l’invention poétique, organisé par l’association Balisaille en Martinique.
Annoncée le 11 mai dernier, lors de la clôture du Festival Mai.Poésie, en Martinique, l’association Balisaille, initiatrice du prix, a distingué Witerwan Kenley Jean pour son texte “Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes”.
Le thème dominant du texte “Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes” est la mort. Witerwan Kenley Jean nous dit un peu plus sur son texte primé par l’association martiniquaise Balisaille :
“ Nul oiseau ne viendra picoter nos tombes” est une chanson d’agonie, une poésie qui s’égorge, qui s’efforce sans force, qui s’échappe et qui s’efface dans les carcasses de ce qu’il reste d’existence ici, dans cette fournaise. Puisqu’il y a un sursaut de trépas qui tripote notre quotidien, l’âme de la plume à son mot à ne pas dire pour laisser place au silence des tombes. Le texte est un fragment du néant longtemps noyé sous nos nez. C’est entre autres une allégorie poétique des cimetières constipés, une anticipation, un récit final infernal.
Brève biographie de l’auteur
Witerwan Kenley Jean est né à Lascahobas le 12 Avril 2001. Il a fait ses études classiques au Collège Évangélique Baptiste et au Collège Saint Gabriel (NSIII– NSIV) de Lascahobas. Witerwan vit actuellement à Limonade et étudie la sociologie au Campus Henry Christophe de l’Université d’État d’Haïti à Limonade (CHC-UEH-L). Le jeune poète a déjà publié un recueil de poèmes titré «Gou devan», paru en mars 2023, chez Rasin Éditions.
Witerwan est membre de SKL (Sant Kiltirèl Lawouze) à Lascahobas et fondateur d’une structure littéraire appelée “Laviwonn Pwezi”.
Witerwan, écrivain par amour
Witerwan a commencé à écrire depuis la sixième année fondamentale. Il se souvient avoir pris l’habitude d’écrire pour des filles de sa classe à des fins de séduction. Puis, le jeune Witerwan a commencé à participer dans des concours de lettres et des jeux de correspondance.
Son amour pour la littérature lui vient de l’amour qu’il a pour ses proches depuis l’enfance. Comme dirait Jean Cocteau : « L’écriture est un acte d’amour. S’il ne l’est pas il n’est qu’écriture. »
Le jeune poète nous explique comment est née sa passion pour la poésie :
“ J’avais une amie qui écrivait, on avait l’habitude d’échanger des livres et de s’écrire des poèmes et c’est comme ça que j’ai commencé à prendre plus de plaisir dans l’écriture et à scruter d’autres horizons dans le domaine.”
“ La littérature est comme un feu qui nous illumine, nous embellit et nous peaufine. Elle a su m’imprégner de ses grains de beauté à travers la lecture, la musique et le cinéma et je partage l’onde par écrit.”
Le style du poète lascahobassien
Le jeune Witerwan décrirait son style poétique comme du «gribouillage poétique» car il essaie de temps en temps de casser la stagnation dans sa poésie.
Il dit laisser au tourbillon des mots la direction de la plume, explorer la lisière des langues ce qui lui donne la liberté de se perdre dans le processus créatif ; la liberté du désordre.
C’est la conjoncture du temps qui se joint à son souci d’originalité par lequel le poète allie le son et le fond.
Pour ce qui concerne les techniques et les formes que Witerwan préfère utiliser dans ses poèmes, il s’en est exprimé dans un texte : « Je suis un esclave pétri sous un orage de vers libres. »
Le jeune poète essaie d’expérimenter sa technique de prédilection dans sa poésie, en misant sur l’assonance et l’allitération, en ramassant les mots, les expressions, les proverbes et en les façonnant pour créer quelque chose de plus réel, de plus épatant et de plus synchronique.
Si le jeune Witerwan devait choisir parmi ses poètes préférés, il pourrait commencer par Jeff négro-haïtien, Coutechève Lavoie-Aupont, Jeudinema, Lòs Tiz plim, Franckétienne, Georges Castera Fils, Gaël Faye, Evelyne Trouillot, Clément Marot, Chelson Ermoza, Ansky Hilaire, John Joos et tant d’autres.
Ce qui en ferait beaucoup, du coup Witerwan préfère ne pas préférer, il se plonge dans chaque œuvre dans l’idée de sortir avec quelque chose d’émerveillant.
Witerwan et ses perspectives
Witerwan Kenley Jean, fondateur de “Laviwonn Pwezi” souhaite publier cette année une anthologie avec la structure littéraire dans le Plateau Central, en célébration de la troisième anniversaire de cette structure. Pour l’instant, le jeune poète a des œuvres en cours et travaille sur lui-même.