Écrivaine, militante, coordinatrice du MOFADNIP et de Café Philo Nippes, auteure de deux romans, Raphaëlle Lemaire figure parmi ces femmes haïtiennes pour qui l’action sociale se conjugue avec une parole audacieuse. Née à Miragoâne, Raphaëla Lemaine est une femme passionnée, investie corps et âme dans la promotion des droits des femmes. Un an après avoir pris les rênes du MOFADNIP (Mouvman Fanm pou Devlopman Nip), la romancière dresse un premier bilan lucide.
Fondé en 2024 pour offrir un espace d’expression, de formation et d’autonomisation aux femmes des Nippes, le MOFADNIP se veut à la fois laboratoire d’idées et levier concret de changement. Dès son arrivée, Raphaëla a voulu donner une direction claire : renforcer la place des femmes dans la vie publique, stimuler leur leadership et faire de l’autonomie économique un socle d’émancipation.
« MOFADNIP, c’est un espace de transformation, de prise de parole et d’action collective. Notre mission, c’est d’accompagner les femmes à devenir des actrices fortes et visibles du changement», affirme la coordinatrice.
Parmi les réalisations majeures, on compte le concours d’écriture départemental, conçu comme un manifeste pour célébrer les voix féminines et créer un espace de narration collective. Le thème « Les générations réunies » a révélé une urgence de dire, avec Chirosseca Jocelyn comme lauréate et Stéphanie Métellus, deuxième.
À cette initiative littéraire se sont ajoutés des ateliers de leadership et d’estime de soi, la création d’un mutuel de solidarité pour soutenir des projets économiques locaux et également des rencontres phares, dont la conférence du 8 mars 2025 et un atelier sur le Mois de l’Histoire des Noirs. Autant d’actions modestes dans leurs moyens, mais profondes dans leur impact pour cette jeune organisation.
Le contexte haïtien, caractérisé par l’instabilité politique, la fragilité économique et le manque de financement, n’a pas épargné le mouvement. Pourtant, Raphaëla et son équipe ont tenu bon.
« Même sans grands moyens, nous avons réussi à poser des actions marquantes grâce à la solidarité, l’engagement et parfois même des sacrifices personnels », confie-t-elle.
Issue d’un milieu modeste, nourrie par l’importance de l’éducation, Raphaëla Lemaine exerce un leadership de proximité, fait d’écoute et de conviction. Sa démarche s’avère inclusive : donner la parole à celles qui l’ont rarement, ouvrir le mouvement aux voix nouvelles et refuser les discours convenus.
« Ma priorité était de donner au MOFADNIP une structure solide, une vision partagée et des actions concrètes. J’ai aussi voulu ouvrir davantage l’espace à la jeunesse, aux voix nouvelles. Et surtout, travailler sur l’indépendance économique de nos membres, car l’émancipation passe aussi par là. »
Un an après, le MOFADNIP s’inscrit en structure dynamique dans l’espace social. Se déployant avec intensité, il attire des forces vives. À présent, Raphaëla entend élargir l’action de l’organisation à d’autres communes, renforcer la cohésion interne tout en poursuivant ses propres projets littéraires. Ces projets rencontrent sa profonde croyance que la culture et l’écriture demeurent des leviers de transformation.
« Haïti doit être racontée autrement, à travers les yeux de celles et ceux qui, malgré tout, continuent d’y croire », souligne la romancière qui annonce son nouveau livre à venir.
Et son dernier mot est résolument un appel fort :
_« À toutes les femmes, jeunes ou moins jeunes : croyez en ce que vous portez. C’est ensemble que nous ferons des Nippes un modèle de transformation. MOFADNIP, se ou, se nou. »
Witensky Lauvince
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