À l’occasion de la Journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, une œuvre bouleversante de l’artiste haïtien Woodly Caymitte, aussi connu sous son sobriquet Filipo, a été inaugurée à La Rochelle, le vendredi 10 mai. Inspirée par le douloureux passé de l’esclavage, cette création artistique offre un témoignage visuel poignant.
L’œuvre dévoilée représente une scène saisissante où une nourrice noire nourrit un enfant blanc, tandis que son propre enfant, visiblement affamé, attend à ses côtés pour être nourri. Cette statue troublante de la nommée Clarisse évoque les déséquilibres et les injustices profondément enracinés dans l’histoire de l’esclavage.
À La Rochelle, la cérémonie d’inauguration a eu lieu en présence du Premier ministre français, Gabriel Attal qui a rappelé l’importance de la mémoire. Tout en soulignant que La Rochelle a été le deuxième plus grand port de France ayant participé au commerce des esclaves, il a évoqué le nombre effrayant de 160 000 hommes et femmes ayant été assujettis à l’esclavage dans cette ville. « Le dire, le reconnaître, ce n’est pas s’affaiblir. Au contraire, c’est grandir. », s’est exprimé le Premier ministre selon ce qu’a rapporté France Bleu.
En cette journée de commémoration, l’œuvre de Filipo a offert une occasion de réflexion profonde sur les réalités historiques souvent négligées du passé colonial, ranimant le débat sur la sensibilisation et la reconnaissance des traumatismes causés par l’esclavage. En outre, elle nous rappelle l’importance de lutter contre toutes les formes de discrimination et d’injustice dans le monde d’aujourd’hui.
A propos de Filipo
Woodly Caymite est un sculpteur haïtien né en 1974 et basé en France. Il a réalisé des études en Arts plastiques à l’Ecole Nationale des Arts (ENARTS) et a reçu une formation en Art numérique à Graphcity. Woodly Caymitte, dit Filipo, est défini comme « un artiste et activiste dévoué qui utilise la sculpture pour façonner la mémoire collective autour des récits d’esclavage et d’abolition qui ont été réduits au silence ou mal interprétés. »
En 2019, à l’occasion de la commémoration de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, a été inaugurée à Bordeaux une statue en bronze du sculpteur. La statue était celle de l’ancienne esclave haïtienne Modeste Testas, achetée par deux frères bordelais.
En 2020, à la suite du décès de l’afro-américain George Floyd, Filipo a également sculpté un buste de Floyd pour saluer la mémoire de cet homme mort ‘’par asphyxie’’ sous les genoux d’un policier blanc. Une façon pour l’artiste de s’exprimer sur cet acte qu’il a qualifié de raciste.