Le mois de mars s’en est allé en laissant derrière lui une profonde tristesse. Le 30, le monde de la culture et de l’activisme a perdu l’une de ses figures les plus vénérées. Chedlet Guilloux, également connu sous son nom de scène « Hecton », s’est éteint des suites d’une septicémie dans un hôpital des Cayes. Sa disparition laisse un vide immense dans le cœur de ceux qui ont été touchés par son talent et son engagement.
Professeur, comédien, poète, Chedlet Guilloux était un artiste polyvalent dont l’empreinte se faisait sentir dans de nombreux domaines. Outre ses performances sur scène, son militantisme ardent le distinguait, militant farouche qui remettait en question le statu quo et prenait position ferme pour les opprimés. Ses proches rapportent que son dernier statut WhatsApp disait : « Mwen pèdi batay la », après des années de lutte pour la justice et la dignité dans ce pays.
Chedlet a réalisé un parcours jalonné de défis et de combats en tant que militant de la transformation sociale, défenseur des masses défavorisées. En 2015, étudiant en Philosophie à l’École Normale Supérieure, il a été victime de tortures infligées par les forces de l’ordre du gouvernement en place et jeté en prison ; ce qui a détérioré son état de santé. Neuf ans plus tard, les conséquences des brutalités policières l’ont emporté dans la terre. « Pa jamè kite pyès moun leve men sou nou !! 9 lane aprè, se mwen ki konn sa m ap pran la ! », a-t-il posté sur sa page Facebook quelques jours avant son décès. Hecton n’aura pas vu le changement social pour lequel il se battait en Haïti.
Chedlet Guilloux n’était pas seulement un militant qui foulait le macadam. Ses étudiants affirment qu’il était également un éducateur passionné, un passeur généreux consacrant une grande partie de son temps à enseigner et à inspirer ceux qui le côtoyaient. Nombre de jeunes hommes et femmes ont été initiés au théâtre lors de ses formations dans la capitale et dans les villes de province.
Sa mort laisse indéniablement un vide profond dans le secteur culturel, mais son héritage perdurera certainement à travers ses œuvres et son exemple. Sur les réseaux, de nombreux messages de sympathie ont salué son départ, rappelant son combat pour la justice social et qu’il était bien plus qu’un artiste talentueux mais également une voix pour les opprimés et un enseignant dévoué.
À une période où le chaos menace de nous engloutir, le pays vient de perdre une grande figure culturelle et un fils qui lui a tout donné. Son impact et le message de sa vie doivent servir à continuer le combat pour la justice et l’égalité dans ce pays qui nous est cher. Chedlet Guilloux ne gagnera plus les rues, il n’investira plus la scène ou une salle de classe, mais il restera à jamais gravé dans les mémoires !