Disponible depuis plusieurs semaines, Titanik 16, le premier roman de Litainé Laguerre, assoit davantage sa place dans le paysage littéraire haïtien. Après deux ventes-signatures, le natif de Bois-Neuf, Cité Soleil, s’est exprimé sur ce roman bouleversant.
Membre actif de l’Atelier Jeudi Soir, Litainé Laguerre a convié ses proches et amis à un atelier d’écriture spécial, doublé d’une vente-signature en avant-première de Titanik 16, le 1er mai dernier, au Centre Culturel Anne-Marie Morisset. Le 2 juin, une deuxième rencontre s’est tenue à La Bouffe, à Delmas. Après ses recueils de poésie Devwa afwoman et Alelouya Desalin — ce dernier ayant reçu une mention spéciale au Prix international de l’invention poétique 2024 — l’auteur se tourne désormais vers la fiction.
En présence des membres de l’Atelier Jeudi Soir, dont l’animateur principal Lyonel Trouillot, et d’une vingtaine d’invités venus se procurer leur exemplaire, ces deux événements se sont déroulés dans une atmosphère conviviale, marquée par les rires, les échanges et le partage. L’auteur a pu rencontrer ses lecteurs, discuter de son œuvre et trinquer avec eux. Rencontré entre deux dédicaces, Litainé Laguerre a livré ses premières impressions sur ce projet littéraire ambitieux.
« Titanik 16 dresse une archive du Pénitencier National. Des hommes que l’on ne considère plus comme humains, parce qu’ils sont prisonniers. Ils sont dans un lieu où ils ne devraient pas être, ne mangent pas comme ils le devraient, ne sont pas traités comme des êtres humains. Certains y sont pour des raisons explicables, d’autres sans motif valable. »
Le roman explore, selon lui, la manière dont le temps est vécu de part et d’autre des murs de la prison :
« Il soulève de nombreuses questions : quel est notre rapport au temps ? Comment vivent les prisonniers ? Dorment-ils ? Mangent-ils ? Comment la chaleur devient-elle une arme contre eux ? Quelle relation entretiennent-ils avec un agent pénitentiaire (APNA) ? Et avec le monde extérieur ? Ce n’est pas un monde invisible. C’est un monde tout près de nous, qui nous regarde, avec lequel nous cohabitons tout en faisant semblant qu’il n’existe pas. »
Litainé Laguerre se veut une voix de l’indignation, dénonçant par sa plume les violences du système carcéral haïtien. Dans un style singulier, il décrit sans fard l’enfer carcéral :
« C’est une forme de manifestation contre les inégalités sociales. Ils sont prisonniers, oui, mais ils demeurent des êtres humains. »
Quant à ses ambitions pour ce premier roman, l’auteur reste sobre :
« J’aimerais que tout le monde le lise. Le lecteur a toujours le choix : refermer le livre en disant qu’il a aimé, ou qu’il n’a pas aimé. Moi, en tant qu’auteur, je souhaite simplement que le livre fasse son chemin. »
Titanik 16 sera disponible lors de Livres en Folie. Il est également en vente chez Pwotra Éditions, que les intéressés peuvent contacter via les réseaux sociaux. Le roman est aussi disponible dans les rayons de La Pléiade.
Par Jephte Estiverne