L’Académie Goncourt a décerné, ce 4 Novembre, son prestigieux prix à Kamel Daoud pour son roman « Houris », paru chez Gallimard cette année. Écrivain, journaliste, et intellectuel engagé, Daoud s’est distingué par son approche littéraire singulière, racontant une période importante de l’histoire d’Algérie par la voix intérieure d’une muette.
Déjà primé en 2015 pour « Meursault, contre-enquête », qui avait reçu le prix Goncourt du premier roman, Kamel Daoud renoue avec le thème de la quête identitaire et de l’héritage complexe de l’histoire algérienne. Dans « Houris », il plonge ses lecteurs dans l’esprit d’Aube, une jeune femme muette, dont les monologues intérieurs invitent à un voyage profondément humain, ancré dans la mémoire collective algérienne. Aube se fait symbole des voix étouffées et des douleurs enfouies, particulièrement celles de la décennie noire (1992-2002), une période marquée par des violences qui ont laissé une empreinte indélébile sur la société algérienne.
Avec « Houris », son 3e roman, Daoud ne se contente pas de raconter une histoire : il tend vers une réflexion sur les notions de résilience et de résistance, explorant également la frontière entre la parole et le silence. La profondeur des émotions d’Aube, rappelle que la littérature peut être un hommage aux survivants d’événements tragiques.
Par ailleurs, le Prix Renaudot, annoncé le même jour que le Goncourt comme à l’accoutumée, a été décerné à Gaël Faye pour son roman « Jacaranda » publié chez Grasset. Ce roman historique nous plonge dans l’après du génocide subi par les Tutsis au Rwanda. Cette récompense s’avère prestigieuse pour le rappeur-écrivain qui a été lauréat du Prix Goncourt des lycéens pour son roman « Petit pays » paru en 2016.
En couronnant Kamel Daoud, le jury du Prix Goncourt, le plus prestigieux de la littérature francophone, salue une œuvre audacieuse et universelle, à l’image de son auteur, qui ne cesse d’interroger les tabous et de repousser les frontières de la littérature. « Houris » s’annonce déjà comme un roman incontournable qui, au-delà de la reconnaissance, offre une puissante réflexion sur la complexité de l’identité, de la mémoire et de la survie.