Du 25 au 28 septembre 2025, s’est tenu le Salon International du livre et des arts contemporains (SILAC). Dans une ville où sévit le chaos, une lumière a élevé la voix. Pour sa première édition, elle a réussi le pari de célébrer les mots et l’art comme un adresse à la mémoire et une promesse à l’avenir.
Le thème, à lui seul, une déclaration : « Des mots pour exister, l’art pour transcender les générations ». Le SILAC s’est donné pour mission de rappeler que la littérature et l’art ne sont en aucun cas de simples divertissements, mais des formes de résistance, de passage et de lien. Le SILAC a voulu offrir un espace où les héritages se croisent, où les voix d’Haïti dialoguent avec celles de la diaspora, où la création devient une manière de continuer à exister — malgré tout.
Durant quatre jours, la capitale s’est transformée en un grand atelier vivant. À la Bibliothèque Michèle Tardieu et au Centre Culturel Brésil-Haïti, les mots ont pris corps dans les lectures, les débats et les ateliers. Le lancement officiel, baptisé « Chanpay Literè », a ouvert le bal dans une atmosphère d’allégresse et de reconnaissance. Puis vinrent les ateliers de photographie, de peinture, de poésie, de roman et de conte, où chacun a pu, à sa manière, tailler sa part de lumière dans le silence du quotidien.
Les échanges furent riches : des causeries sur la sculpture, des conférences sur le rôle de l’art dans la reconstruction du pays, des ateliers en ligne qui ont permis d’élargir les frontières physiques du Salon. Mais l’un des moments les plus marquants reste la table ronde consacrée à l’édition. Pour beaucoup, ce fut une révélation. Des éditeurs tels que Jeanie Bogart, Gabynho Le Blanc et Issac Volcy ont partagé avec franchise les défis et les réalités de ce métier souvent mal compris. Le public a découvert les coulisses du livre — ses luttes, ses équilibres précaires, mais aussi sa passion intacte.
Le SILAC 2025, c’était aussi la rencontre de générations d’artistes et d’écrivains. Plus de quarante auteur·e·s, poètes et créateurs venus d’Haïti et de la diaspora ont répondu à l’appel : Malaba Pitit Plim, initiateur du projet, entouré de figures comme Wesly Dorisca, Litainé Laguerre, Witerwan Jean, Mèg Black, Cloche-Art, ou encore Romy Jean François. À leurs côtés, quatre invité·e·s d’honneur ont prêté leur éclat : Jeanie Bogart, Yanick Lahens, Inema Jeudy et Guy Gérald Ménard.
Le public était à l’image du pays : jeune, curieux, passionné. Étudiant·e·s, artistes émergent·e·s, amateur·e·s de culture, mais aussi voix de la diaspora connectées en ligne. Un public multiple, avide de paroles vraies et d’espaces de création. Grâce aux diffusions virtuelles, le SILAC a franchi les frontières, rappelant qu’Haïti n’est pas une île fermée mais un archipel de voix éparpillées dans le monde.
La réussite de cette édition tient aussi à la solidarité. Papye9, Tout est Poésie, Festival Lang ak Kilti Kreyòl, Pwezi Libète, Cariva, Eguens Infos Culturelles, Littéraclic, Ateliers des Mains et des Mots, Fondation Ruth FAM, Haitineraire, Multivers FM, EIC, Peter Design et Dade Design — entre autres — ont uni leurs forces pour soutenir ce rêve. Le financement a certes été un défi. Les demandes de sponsoring sont restées sans réponse. Les institutions ont tardé. Mais le Salon s’est tenu, porté par la conviction d’une équipe et la foi d’une génération décidée à faire entendre sa voix.
Les médias, eux aussi, ont joué leur rôle. Des émissions littéraires, notamment « Tout est Poésie », ont permis à l’événement de trouver un écho plus vaste. La dernière activité, « Cadence Poésie », clôturait le Salon sur une note vibrante : un concert de mots, de rythmes et d’espérance.
Le bilan, au terme de ces quatre jours, est sans appel : positif, vivant, porteur d’avenir. Le SILAC a prouvé qu’Haïti possède encore les ressources de son imagination et la force de ses mots. Pour la suite, les organisateurs prévoient d’ouvrir davantage le Salon à d’autres formes d’expression : performances vivantes, design, mode, slam, concours et prix littéraires viendront enrichir les éditions à venir.
Cette première édition a semé des graines. Et si l’avenir du pays demeure incertain, une chose est sûre : tant qu’il y aura des mots pour exister et de l’art pour transcender le temps, Haïti continuera à écrire son histoire.
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